LES CINQ ELEMENTS DE LA TRADITION CHINOISE (1)

Posté le 15 Fév 2019
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Basée sur l’observation et sur un concept de globalité, une des écoles de Pensée de la Médecine Traditionnelle Chinoise repose sur la théorie des Cinq Eléments : le BOIS, le FEU, la TERRE, le METAL et l’EAU

A toutes les époques, dans toutes les civilisations, la Nature a été considérée par les Etres Humains comme un reflet de notre fonctionnement intérieur tant sur le plan physiologique que sur le plan émotionnel. Ce sont les chinois qui ont poussé le plus loin l’étude des éléments naturels et de leurs résonances et correspondances avec l’Etre Humain. 

Ils ont organisé leurs observations en un système parfaitement cohérent qui sous-entend toute l’adaptation de l’Homme à son environnement.

Chaque grande Tradition a développé une doctrine philosophique pour appréhender les énergies de la vie et comprendre la maladie. La loi des quatre éléments par exemple se retrouve dans diverses cultures et religions, elle fut développée par Platon (396 AEC) qui, tout comme Aristote et Pythagore, avait suivit l’enseignement de vie des Egyptiens, dépositaires de toute la Tradition.

Ces Dynamismes ou Mouvements, sont par analogie associés à une saison et donc une qualité Energétique et un rythme vibratoire particulier. Toute forme de Vie procède du bon équilibre de ces derniers et de la qualité des rapports qu’ils entretiennent entre eux : l’Energie est alors exprimée de façon à être de bonne qualité et circule de manière fluide et harmonieuse dans le corps.

ORIGINES

Aristote donnait une définition dynamique des quatre éléments et les appelait formes primaires.

« le FEU et la TERRE sont des contraires qui sont nés de l’opposition de leurs caractéristiques respectives, telles que nos sens nous les révèlent : le FEU est chaud et la TERRE est froide. En plus de cette opposition fondamentale entre le chaud et le froid, il en est une autre qui existe entre le sec et l’humide ; d’ou les quatre combinaisons possibles : chaud-sec (FEU), chaud-humide (AIR), froid-sec (TERRE), froid-humide (EAU) … les éléments peuvent se combiner et se transformer l’un en l’autre : ainsi la TERRE qui est froide et sèche peut engendrer l’EAU si l’humidité remplace la sécheresse ».

Cette approche dynamique des quatre éléments est en réalité très proche de la Tradition chinoise et de la Théorie des Cinq Eléments.

En Chine la théorie des Cinq Eléments est née à peu près à la même époque que celle du YIN et du YANG : 1000 à 770 AEC.

Ces Dynamismes sont par analogie associés à une saison et donc une qualité Energétique et un rythme vibratoire particulier. Toute forme de Vie procède du bon équilibre de ces derniers : dans ce cas, l’Energie est exprimée de façon à être de bonne qualité et circule de manière fluide et harmonieuse dans le corps suivant pour cela le trajet des méridiens.

La première mention connue de la théorie des Cinq Eléments – ou Cinq Mouvements – et de la théorie du Yin et du Yang remonte donc à la dynastie des Zhou : 1000 à 770 AEC.

Cette école dite Naturaliste s’est efforcée de comprendre et d’interpréter la Nature de façon positive, d’utiliser ses lois en faveur de l’homme, et ce non pas en essayant de la contrôler ou de la soumettre ; mais en vivant en harmonie avec elle. Elle s’est servie du Yin et du Yang et de la théorie des Cinq Eléments pour comprendre les événements du corps humain qu’il soit en bonne santé ou malade.

Cette apparition de la théorie des Cinq Eléments marque les débuts d’une médecine plus scientifique

Les guérisseurs utilisèrent des procédés inductifs et déductifs pour observer la Nature et tenter d’y découvrir des schémas lesquels, par extension, pouvaient être utilisés pour interpréter des maladies.

La Tradition qui s’étend sur plusieurs siècles nous a laissé de grands ouvrages et de grands traités de médecine énergétique et de phytothérapie. Nous citerons à ce propos le plus connu de tous et encore en usage chez les médecins les plus efficaces : le Shan Han Lun qui se transmettait à la manière d’un d’héritage.

Lié à un contexte géographique particulier et à un contexte historique précis Zhang Zhong Jing (150-219) l’auteur du « Traité des Maladies dues au Froid » a élaboré la théorie des Six Niveaux selon les six méridiens : Tai Yang (IG-V), Yang Ming (GI-E), Shao Yang (VB-TR), Tai Yin (RP-P), Shao Yin (Rn-C), Jue Yin (F-MC).

Il s’agit essentiellement de déséquilibres liés à l’invasion de Vent-Froid. 

Quinze siècles plus tard Ye Tian Shi énonce à son tour la théorie des Quatre Couches qui décrit les changements d’équilibre qui résultent d’une invasion Vent-Chaleur. Ces Quatre Couches sont la couche du Qi Protecteur (Wei Qi), la couche du Qi (Qi), la couche du Qi Nourricier (Ying), la couche du Sang (Xue).

Cette théorie décrit les différents niveaux de profondeur de pénétration de Vent-Chaleur : de l’Extérieur (Wei Qi) jusqu’au Sang (Xue).

D’autres grands ouvrages Classiques répertorient ces connaissances.

Il faut mentionner le Classique de l’empereur Jaune – Di Nei Su Wen – 100 AEC, l’Axe Spirituel – Ling Shu Jing – 100 AEC, le Classique des Difficultés – Nan Jing Jiao Shi – env 100, le Grand Compendium d’Acupuncture – Zhen Jiu Da Tcheng – en 1601.

Ce ne sont pas les seuls mais les plus connus et les plus complets.

SOCIOLOGIE

En Chine c’est la sociologie particulière du pays a permis aux chinois de bénéficier de 25 siècles d’expérience, de recherche et d’étroite collaboration entre les acteurs de la santé. L’efficacité de cette Science a des siècles d’expérience. 

La taille du pays a notamment favorisé les regroupement familiaux en clans puis en dynastie durant une large période de 25 siècles. Chaque tribu ou famille possédait son propre médecin. Vivant avec eux au quotidien il connaissait chacun des membres du clan, et occupait une position privilégiée d’observateur.

L’observation seule permettait alors de poser un diagnostique !

Ce sont ces regroupements familiaux qui ont vu naître des techniques de soins qui remontaient régulièrement jusqu’au Gouvernement Central.

En effet les différentes structures sociales de ce très grand pays organisées par strates permettaient d’administrer les différentes provinces de façon extrêmement efficace et de collecter, de faire remonter jusqu’au Gouvernement Central et jusqu’à l’Empereur toutes les informations médicales pertinentes.

Nous avons vu que c’est l’Empereur lui même qui établissait un Corpus Officiel – le Shan Han Lun – d’environ 300 plantes avec lesquelles les médecins du pays prodiguaient leurs soins.

Le Shan Han Lun qui traite des maladies dues au Froid comprend 168 formules de 4 plantes. Rédigé sur des plaquettes de bambous ce traité s’héritait.

De nos jours encore les meilleurs médecins chinois utilisent cet ouvrage !

A titre de comparaison en Europe entre le huitième et le dix-neuvième Siècle la société est sous le coup d’interdits extrêmement forts, notamment religieux, réduisant en cela l’approche de l’humain à sa portion congrue, et réduisant à néant la connaissance des plantes.

Le Val de Villé, en Alsace, est par exemple tristement célèbre pour ses procès en sorcellerie … ! 

Les Européens sont pourtant encore parfois persuadés d’avoir inventé la Science !

La Médecine Traditionnelle Chinoise nous propose une vision du fonctionnement corporel très différente de celle que nous propose l’Occident. L’observation est entre autre un des aspects les plus important de cette Tradition plusieurs fois millénaire.

La Médecine Traditionnelle Chinoise considère qu’il y a une Relation Ciel – Terre – Homme  : l’Homme absorbe les Energies du Ciel via la lumière et la respiration, et les Energies de la Terre via la nourriture (vitamines, oligo-éléments, fibres …) Un blocage ou un déséquilibre Energétique aura ainsi pour conséquences immédiates l’apparition d’un malaise émotionnel et d’un trouble esthétique.

ANALOGIES

Les Cinq Eléments représentent cinq formes de mouvements plutôt que simplement cinq substances fondamentales.

Les Cinq Eléments sont envisagés par Tradition tout d’abord comme des caractéristiques : l’EAU est envisagée comme ce qui est fluide, liquide, en solution ; le FEU comme ce qui brûle, et crée de la chaleur ; le BOIS comme ce qui est solide et peut se travailler ; le METAL comme ce qui est solide et peut se mouler et la TERRE comme ce qui nourrit.

Ainsi avons nous : le BOIS peut se plier et se redresser, le FEU s’embraser, la TERRE permet de semer et de récolter, le METAL peut être moulé et durcir, et enfin l’EAU humidifie le bas.

Les Cinq Eléments sont aussi envisagés par la Tradition comme de véritables mouvements : ils symbolisent les cinq directions associées aux mouvements des différents phénomènes naturels.

Le BOIS représente l’expansion, le mouvement vers l’extérieur et dans toutes les directions ; le METAL représente la compression, le mouvement vers l’intérieur ; l’EAU représente le mouvement descendant ; le FEU représente le mouvement ascendant, la croissance et la TERRE la neutralité, la stabilité.  

LE MECANISME DES SAISONS

Parce que la civilisation chinoise accordait une importance déterminante à l’observation et aux lois de la Nature, les Cinq Eléments sont surtout envisagés par la Tradition comme les différentes phases d’un cycle saisonnier.

Le BOIS est associé au printemps et à la naissance, le FEU est associé à l’été et à la croissance, le METAL est associé à l’automne et à la moisson, l’EAU est associée à l’hiver et à la conservation, la TERRE quant à elle correspond à la fin d’une saison et est associée à la transformation. Elle ne fait référence à aucune saison en particulier : elle est l’axe, le centre autour duquel tournent les saisons. 

La Tradition envisage la physiologie humaine d’un point de vue des Souffles et considère que les lois qui s’appliquent au macrocosme sont les mêmes que celles qui s’appliquent au microcosme ; l’organisme est le reflet des Souffles cosmiques. En d’autres termes le fonctionnement de la Nature est à l’image de notre propre fonctionnement, celui de notre corps et celui de notre esprit. 

Le Mouvement des Energies saisonnières est donc par analogie semblable aux Mouvements énergétiques de notre physiologie. Les saisons sont  la meilleure illustration possible des différents Souffles qui caractérisent les Mouvements énergétiques et leurs différentes Manifestations.

EXPLICATIONS

Au cours de sa trajectoire autour du Soleil, la Terre, chaque année, occupe quatre positions particulières qui marquent le début des saisons : les équinoxes et les solstices

Les variations climatiques saisonnières sont créées par un double facteur : d’une part la révolution de la Terre autour du Soleil, et d’autre part l’inclinaison de l’axe nord-sud de rotation journalière de la Terre par rapport au plan de son orbite autour du Soleil l’écliptique.

En fonction de la position de la Terre par rapport au Soleil sur son orbite, la zone qui reçoit les rayons du Soleil de façon perpendiculaire se modifie donc. Plus les rayons arrivent proches de la perpendiculaire (c’est-à-dire plus le Soleil est proche du zénith), plus il fait chaud.

L’axe de rotation de la Terre sur elle-même fait un angle avec le plan dans lequel la Terre se déplace autour du Soleil, le plan de l’écliptique. Cet axe conserve une direction fixe dans l’espace, du moins pour des temps suffisamment courts. Ainsi, au cours de l’année une région de la Terre ne reçoit pas la même quantité de rayonnement solaire, la durée d’ensoleillement varie et les rayons solaires frappent la Terre sous des incidences différentes. Cela se traduit donc pour la région considérée par des températures différentes.

C’est ce phénomène qui porte le nom de phénomène des saisons.

Au moment des solstices (du latin : sol : soleil et stare : s’arrêter), le Soleil se trouve le plus loin possible de l’équateur céleste. Dans l’hémisphère Nord, le jour du solstice d’été, le Soleil se trouve au-dessus de l’équateur et va monter très haut dans le Ciel et la journée sera longue. Le Soleil ne montera pas jusqu’au zénith comme certains le pensent mais, par exemple à Paris, il montera à 64° 36’ de hauteur, à midi. Ce jour-là, le Soleil ne sera pas partout le plus haut dans le Ciel ; il ne passera au zénith qu’au tropique du Cancer.

L’équinoxe ( du latin : aequus : égal et nox, noctis : la nuit) est l’époque de l’année (20 ou 21 mars, 22 ou 23 septembre) où le Soleil, dans son mouvement propre apparent sur l’écliptique, traverse l’équateur céleste et qui correspond à l’égalité de durée du jour et de la nuit.

Définir graphiquement les saisons c’est donc diviser un cercle en quatre parties. La partie correspondant à l’été aura sa culmination au solstice d’été qui est le jour le plus long de l’année. Le solstice est le jour de l’année ou le soleil atteint son plus grand éloignement angulaire. 

Et la partie correspondant à l’hiver aura sa culmination au solstice d’hiver qui est le jour le moins long de l’année.

Les parties correspondant au printemps et à l’automne auront leur culmination aux équinoxes car ce jour là la nuit et le jour ont la même durée. La différence fondamentale étant qu’au printemps le Yang croît tandis qu’à l’automne c’est le Yin qui est en pleine croissance ! 

LA TRADITION

La Tradition s’appuyant sur un calendrier luni-solaire, le début du cycle sera placé entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps, au moment où une nouvelle impulsion est nécessaire pour passer de l’inactivité de l’hiver à la germination du printemps.

Cela correspond à la fin de la phase Yin et au début de la phase Yang. 

Mais avant que n’apparaisse la tige la germination à déjà commencé sous terre de façon imperceptible. Le milieu du cycle est ainsi placé à l’opposé du début du cycle, entre le solstice d’été et l’équinoxe d’automne, au moment de la fin de la phase Yang et au début de la phase Yin.

Et si l’année est symbolisée par un cercle, alors il nous faut réfléchir à la valeur du centre autour duquel se définit un cercle ! S’il n’y a pas de centre, il n’y a pas de cercle. Le centre n’est pas sur le cercle mais il est ce qui permet sa création : un référent ! Il intervient à chaque instant !

Un cercle ne peut se définir que par rapport à son centre. Ce centre est la TERRE.

Dans la Tradition ce centre représente en réalité une Cinquième Saison. Elle se manifeste quatre fois au cours de l’année lors des différents changement de saisons. C’est un pivot, un référentiel à toute forme de mutation. Chaque saison dure 72 jours, les quatre inter-saisons comptent chacune 18 jours, pour un total de 360 jours qui correspondent précisément aux 360° d’un cercle. 

Le principe de la loi d’Analogie nous invite alors à penser que tous les phénomènes vitaux sont cycliques et obéissent  aux lois des cycles ; que tous les cycles sont régis par Cinq Dynamismes : deux Dynamismes Yang (croissance et culmination), deux Dynamismes Yin (décroissance et culmination passive), et un Dynamisme référentiel. 

Chacun de ces Dynamismes correspond à un Mouvement particulier du Yin ou du Yang : il s’agit de l’aspect quantitatif ; mais chacun de ces cinq Dynamismes correspond aussi à un Souffle particulier et dans ce cas il s’agit alors de l’aspect qualitatif. 

L Mouton / Fondateur – Gérant
© Fleur d’Océan 2.0 Janvier 2017

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