LA DIÉTÉTIQUE TRADITIONNELLE CHINOISE

Posté le 15 Fév 2021
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Celui qui ne sait pas manger correctement n’est pas capable de vivre

Sun Si Miao

La Diététique Traditionnelle chinoise considère la nourriture, comme le moyen privilégié d’entretenir la bonne santé de chacun, de prévenir et de traiter de nombreux déséquilibres et affections, émotionnels ou physiologiques. 

Cette approche du bien être porte un nom : le Yang Sheng, ce qui signifie nourrir – entretenir la vie. Il a pour objectif de maintenir l’équilibre énergétique, de prolonger la vie et de prévenir l’apparition de maladies.

Or aujourd’hui nous le savons l’immunité au sens large, dépend de l’écosystème intestinal et ce jusqu’à quatre vingt pour cent selon certains spécialistes. Et plus que le nombre de cellules immunitaires, c’est la qualité des muqueuses intestinales produisant du mucus auquel « colle » le microbiote, qui est responsable de la capacité de filtration de ce qui pénètre dans l’organisme, et de la réponse immunitaire qui s’en suit éventuellement.

Cet ensemble « muqueuse-mucus-microbiote » empêche bactéries et virus de proliférer puis de pénétrer dans le système corporel. Il influence aussi la qualité de la répartie immunitaire avec laquelle il dialogue.

Un microbiote en bonne santé régule et limite les inflammations chroniques lesquelles expliquent la plupart de nos pathologies modernes ainsi que les virus, cancers, allergies et maladies auto-immunes qui sont tous en très forte recrudescence …

Ce qui est loin d’être anodin … non ?

UNE LEGENDE

On raconte que deux siècles avant notre ère un cuisinier chinois inventa pour son Empereur une soupe à la cannelle qui lui évitait de tomber malade à l’automne, en guise de remerciement il fut nommé Premier Ministre. Cette anecdote nous montre à quel point la Tradition accorde de la place au choix de l’alimentation, notamment en fonction des différentes saisons, de la constitution et de la bonne santé de chacun. 

L’équation occidentale « aliment – plaisir » est remplacée par l’équation orientale « aliment – santé« 

La Tradition chinoise considérait la nourriture, il y a déjà trois mille ans, comme le moyen privilégié d’entretenir la santé et de traiter de nombreux déséquilibres et affections, émotionnels ou physiologiques. La nutrition était donc  et sans aucun doute le premier et le meilleur des gestes de soin. Tant sur le plan de la prévention des maladies – et donc du renforcement des défenses immunitaires – que sur le plan de la guérison de ces dites maladies !

Cette approche du bien-être porte un nom : le Yang Sheng, ce qui signifie « nourrir – entretenir la vie » Il a pour objectif de maintenir l’équilibre énergétique, de prolonger la vie et de prévenir l’apparition de maladies. La qualité du rythme de vie, le sommeil, l’hygiène, la sexualité, le Qi Gong, les massages, l’usage d’armoise et de l’acupuncture sont les autres principaux outils au service du Yang Sheng.

Car la Chine à la grande différence de l’Occident ne s’est en réalité jamais coupée de ces Racines et de ses Traditions de façon aussi brutale et définitive que nous ! Si en Occident nous avions un savoir ce dernier est plus ou moins perdu de nos jours et les connaissances de la nature et de la vie qu’avaient nos Anciens ne se sont pas – ou très peu – transmises aux générations suivantes, préoccupées de Modernité et de Progrès. 

L’on se souvient que l’agriculture a muté et s’est développée de manière exponentielle au sortir des deux grandes guerres en Europe au siècle dernier, pour de produire la nourriture dont tout le monde manquait cruellement. Elle s’est mécanisée, les parcelles ont été remembrées car la production devait alors obéir à un impératif en terme de volume afin nourrir toute une population – affamée au sortir de la guerre ! L’industrie agro-alimentaire a ensuite pris le relais et nos assiettes se sont industrialisées si je puis dire. 

Aujourd’hui notre manière de nous nourrir diffère radicalement de celle qu’avait nos grands-parents. 

Nous avons perdus nos racines et nos traditions culinaires au profit d’une restauration surfaite proposant de la glace à la bière brune, du cabillaud au chorizo, ou du ris de veau braisé au pain d’épices. Sans parler des hamburgers, des mauvaises pizzas, du chili con carne, des tacos, des donner-kebabs et de la nourriture internationale sous-vide à réchauffer au micro-ondes.

HISTOIRE

Mais il faut remonter encore un peu le temps pour avoir un éclaircissement des plus complet sur cette différence fondamentale entre l’Orient et l’Occident. Nous avions certes des connaissances ancestrales et un savoir important mais le phénomène religieux a joué un rôle majeur dans la dispersion de cela. En ramenant l’essentiel des questionnements et des réponses aux Textes, les religions Modernes – dont le Christianisme qui nous préoccupe ici – nous ont prodigieusement éloigné de notre savoir et de nos pratiques ancestrales. 

En Europe, par exemple, entre le huitième et le dix-neuvième Siècle la société est sous le coup d’interdits extrêmement forts, et notamment religieux, réduisant en cela l’approche de l’humain à sa portion congrue, et à néant la connaissance des plantes. 

Le phénomène religieux qui a tenu une place importante d’un point de vue social en Occident et partout dans la vieille Europe a beaucoup fragilisé notre rapport à l’Ordre Naturel des choses, à l’ici et au maintenant en nous invitant à nous préoccuper d’un Au-delà de la Vie … chimérique à tout le moins ! 

En Alsace il était de coutume au début de l’hiver de cueillir du lierre et de couper des branches de sapin que l’on accrochaient dans les habitations pendant la saison afin d’oxygéner et de purifier l’atmosphère … forcément un peu confinée durant ces mois de froid. Chose que l’on ne fait plus du tout pour la même raison aujourd’hui avec notre sapin de Noël … ! 

Le Val de Villé, en Alsace toujours, est par exemple tristement célèbre pour ses procès en sorcellerie …

Les Orientaux sont quant à eux beaucoup plus pragmatiques et beaucoup plus préoccupés du présent. L’Au-delà ne leur parle pas beaucoup en réalité. Et à part le protocole des treize point fantômes de Sun Si Miao …  nous ne voyons pas grand chose d’autre qui puisse s’apparenter au mysticisme religieux Occidental ! 

Et encore le parallèle est acrobatique si je puis dire. 

En revanche – en Chine – la théorie des Cinq Eléments en usage dans la médecine Traditionnelle est née à peu près à la même époque que celle du Yin et du Yang : 1000 à 770 AEC. Elle marque les débuts d’une médecine plus scientifique car les guérisseurs utilisèrent des procédés inductifs et déductifs pour observer la Nature et tenter d’y découvrir des schémas qui par extension pouvaient être utilisés pour interpréter des maladies. Il s’agit pour les médecins de l’époque de sortir d’une certaine forme d’obscurantisme où les maladies étaient envisagées comme des Esprits malveillants logeants dans le corps du sujet. 

Et donc la Chine Traditionnelle est bien plutôt préoccupée de longue vie, voire de vie éternelle que de vie après la mort. C’est là une différence essentielle et fondamentale entre ces deux civilisations. Encore une fois – avec la Chine – nous sommes dans l’immédiateté d’un ici et d’un maintenant. Et les médecins les plus respectés étaient – de fait – les diététiciens car ils pouvaient – ou devaient – grâce à leurs connaissances, prolonger la vie. 

La dimension préventive et globale de la Tradition chinoise trouve avec la diététique sa plus forte expression ! 

La diététique Occidentale quant à elle est jeune et née il y a à peine cent ans. Elle considère l’être humain comme une machine thermique, et l’alimentation comme du carburant. On y parle de glucides, de protides, de lipides.

Pas vraiment glamour … !

On se souvient à ce propos que le Corps Médical lui même – bien que maniant fourchettes et flacons avec une rare dextérité ; considérait il y a quelques années le cuisinier comme l’homme à abattre ! L’Ennemi absolu de la Santé …

Mais vingt siècles après Socrate, Platon et Hippocrate, les opinions ont évoluées et l’on semble découvrir que la nourriture peut entretenir la santé et même guérir la maladie.

Les cuisiniers criminels se sont alors transformés en apôtres New-Age du « manger » local, vantant les miracles des huiles mono insaturées ou l’action anti cholestérol de l’œuf de poule. Et certains de nos plus grands professeurs en Médecine se sont fait le Messie du boudin noir, ou le Christ du confit à la graisse d’oie ! 

Leurs fidèles se précipitent alors avec avidité vers ces nouvelles religions qui évoquent les pouvoirs quasi mystiques des nutriments et de la nourriture, laissant d’ailleurs en route certaines visions et théories orientalistes franchement fumeuses. 

Néo-prophètes de la macrobiotique ou nouveaux ayatollahs végan … la crise d’hystérie est généralisée ! Serait-il naïf voire dangereux de laisser notre santé et nos illusions nutritionnelles aux mains d’illuminés, de pseudo-scientifiques ou d’industriels trop goinfres … ? 

Réponse en Chine ! 

« Les règles prescrivent de se conformer aux saisons de l’année, d’offrir aux repas des produits du pays d’où l’on est, de s’accommoder aux désirs de l’Esprit, aux inclinations de l’homme, à la nature des choses.

Ainsi chaque saison aura des productions particulières, chaque terrain ses plantes favorites, chaque homme ses mets qui lui conviennent. Ce que la saison n’a pas produit, ce que le sol n’a pas nourri, un homme sage ne se l’offre pas. Si les habitants d’une montagne aride offraient du poisson, si les habitants du bord d’un lac offraient des sangliers, un homme sage dirait qu’ils ne connaissent pas les règles de santé. […]

En ce qui concerne ces règles il faut en premier lieu considérer le temps, en second lieu l’ordre établit par la nature, en troisième lieu la qualité, en quatrième lieu ce qui convient à la condition des personnes et des circonstances, en cinquième lieu la proportion »

Li Ji – Classique des Rites

QUALITÉ

Concernant les aliments à proprement parler les principes de base posent que plus un aliment est proche de son état naturel et sauvage plus il contient de vitalité – de Jing.

Il lui a en effet fallu développer une bonne capacité de résistance pour arriver à maturité sans l’aide ou l’intervention de l’homme. Sa richesse en Jing va alors se transmettre à celui qui le consomme lui permettant à son tour de renforcer son capital énergétique.

Par ordre décroissant l’on peut alors considérer que le maximum de vitalité – de Jing – se trouve dans les produits

  • A l’état sauvage
  • Elaborés de façon bio-dynamique
  • De façon biologique
  • Elaborés de façon conventionnelle
  • Ou élaborés hors sol

La meilleur alimentation possible est alors celle qui veillera à nous mettre en harmonie avec la saison et donc avec le Monde et avec nos émotions ! Vous n’êtes en effet pas la « même femme » un matin pluvieux de novembre, une aube radieuse de juillet ou un doux après-midi d’automne …

Enfin un des chapitre du Ling Shu précise – par exemple – les proportions alimentaires en distinguant les céréales, les légumes et les matières animales : il est alors question de trente pour cent de céréales et de légumineuses, quarante à cinquante pour cent de fruits et légumes, et dix à quinze pour cent de matières animale … si si ! 

Pour la Tradition chinoise la nutrition était donc sans aucun doute le premier et le meilleur des gestes de soin. Tant sur le plan de la prévention des maladies – et donc du renforcement des défenses immunitaires – que sur le plan de la guérison de ces dites maladies !

LA VITALITÉ

Elle dépend très précisément de la quantité de Jing que contient un aliment. Celle ci se manifeste dans l’aspect extérieur de l’aliment notamment par l’entremise de la fraicheur de l’aliment. Le Jing de l’aliment à pour support les liquides qui le constituent, et donc le contact avec l’air – l’oxydation – qui assèche et détériore ses liquides lui fait perdre sa vitalité. 

Il est bien plus judicieux par exemple de découper les aliments tout juste avant leur cuisson. Et surtout de ne pas les conserver trop longtemps. Même au frais. 

Soyez très très circonspects ! 

NATURE – SAVEUR – TROPISME

Pour la Tradition chinoise la diététique passe avant tout par le respect de la Nature, des saisons, des besoins et de la satisfaction tant intellectuelle que physique de chacun. L’accent est bien évidemment mis sur des produits naturels, que l’on peut qualifier de « terroir », ou de « locaux » et parvenus à maturité à la juste saison, cuisinés avec respect et consommés avec plaisir, dans une atmosphère agréable. 

Elle nous propose une approche très particulière de la nutrition car elle classe les aliments en fonction de leur Nature et de leur Saveur. La Nature d’un aliment est l’effet thermique généré par l’aliment dans le corps après assimilation de ce dernier. La Tradition parle de Natures Froides, Fraiches, Neutres, Tièdes ou Chaudes. 

Les Saveurs Acides, Amères, Douces, Piquantes ou Salées sont – quant à elles – associées au Tropisme de l’aliment, c’est à dire à l’Organe Interne ciblé par l’aliment en question. Chaque Saveur ayant une action particulière sur le Qi. 

Cette approche de la nutrition permet d’harmoniser le corps avec les saisons et de traiter divers déséquilibres Internes sources de désagréments émotionnels et physiologiques. 

La Saveur Acide a pour Tropismes le Foie et à la Vésicule biliaire. Cette Saveur est affiliée au Yin et se caractérise par son astringence ce qui lui permet de rassembler, resserrer et collecter.

On dit de la Saveur Acide qu’elle rassemble le Yin.

L’Amertume qui a pour Tropismes le Cœur et l’Intestin Grêle a de nombreuses propriétés – purger, drainer, fortifier, assécher, disperser – dont notamment celle de clarifier la Chaleur dans le corps. La Saveur Amère purge la Chaleur et l’abaisse, elle a par ailleurs aussi un effet asséchant et donc permet de traiter la Stagnation d’Humidité Pathogène. 

La Saveur Douce a pour Tropismes la Rate et l’Estomac, elle nourrit, Tonifie, Humidifie et agit comme un fortifiant général en dynamisant la production de Sang, de Liquides Organiques et de Qi.  Elle permet d’adoucir, d’harmoniser, d’arrêter la douleur, de relâcher les spasmes, d’hydrater la Sécheresse, d’éliminer les toxines.La plupart des légumineuses et des céréales sont de Saveur Douce. Riches en sucres lents elles se doivent donc de tenir une place importante dans notre alimentation. Les fruits et les produits laitiers – à leur tour – sont humidifiants et, pour les fruits tout du moins, apaisent la soif.

L’association de la Saveur Douce et de la Saveur Acide possède la propriété de générer des Liquides Corporels et d’étancher la soif.

La Saveur sucrée est une concentration hautement toxique de la Saveur Douce …. et l’alimentation industrielle qui use et abuse sans mesure de cette association nous propose à la consommation de véritables poisons pour notre équilibre alimentaire ! Il est à noter que la Tradition chinoise n’avait en guise de sucre que le sucre de canne dont le pouvoir sucrant est bien inférieur aux sirops de glucose couramment utilisés de nos jours !

De surcroît la sur-consommation de sucre fragilise les capacités à la réaction de notre système immunitaire. 

La Saveur Piquante a pour Tropismes le Poumon et le Gros Intestin. Elle est Extériorisante et Dispersante : elle permet aux Liquides et au Qi de de se mobiliser vers la surface du corps et la peau, elle induit la transpiration. Elle a une action centrifuge et en cas d’Attaque du Pervers – de type Vent ou Froid – elle permet de Libérer la Surface. Parce qu’elle est dispersante elle permet de « Faire Circuler » le Qi, le Sang et les Liquides et elle est en usage en cas de Stases ou de Stagnation.

La Saveur Salée – enfin – a pour Tropismes le Rein et la Vessie. Elle ramollie le dur, disperse les indurations, abaisse les selles, débloque, désobstrue et humidifie vers le bas. La Saveur Salée a donc un mouvement descendant et un effet purgatif fort intéressant dans les cas de constipation. Elle est pratiquement absente en ce qui concerne les céréales, les légumes et les légumineuses. On la retrouve principalement dans les produits d’origine animale tels les poissons ou les fruits de mer, les viandes et les charcuteries. Cette Saveur est très ambivalente car elle touche à la sphère énergétique du Rein dont on connaît l’importance en terme de vitalité, de Jing, d’Essence, de Qi …. Son usage en petite quantité est bénéfique pour le Rein et la Vessie tandis qu’un usage excessif aura des conséquences très importantes et très défavorables sur le système osseux, et cardio-vasculaire ainsi que sur le métabolisme rénal. 

La Saveur Insipide est assez proche de la Saveur Douce et à naturellement une action diurétique et drainante très utile en cas de rétention d’eau, de diarrhées ou de leucorrhées. Elle n’est associé à aucun Mouvement en particulier mais a néanmoins – d’après nous – de forts liens de parenté avec la TERRE.

CONSISTANCE

La texture des aliments à – elle aussi – une incidence sur l’organisme et le Qi, de surcroît la Tradition établit une correspondance entre la dynamique des Cinq Mouvements et la consistance des aliments. La texture …

  • Croquante est associée au BOIS
  • Liquide est associée au FEU
  • Gluante est associée à la TERRE
  • Elastique est associée au METAL
  • Fondante est associée à l’EAU. 

Ces cinq consistances d’aliments nous relient à la réalité, à une forme de matérialité de la nourriture. Il est à noter certaines contradictions – au sujet de la consistance des aliments – entre différents auteurs : Bruno Soustre et Josette Chapellet – par exemple – ne disent pas tout à fait la même chose concernant les différentes textures et leurs rapports avec les Cinq Mouvements.

DYNAMISME 

La diététique Traditionnelle chinoise est aussi très attentive à la dynamique induite par les différents aliments. Elle nous offre une approche de ce phénomène qui propose quatre grands principes dynamiques – deux Yin et deux Yang – chacun étant caractérisé par une direction …

  • Montante
  • Extériorisante
  • Descendante
  • Intériorisante

Le Dynamisme Montant est de toute évidence Yang, il a pour origine des aliments dont la particularité est de faire Monter le Qi vers les parties hautes du corps, les membres supérieurs et le thorax.

Les aliments qui induisent ce mouvement sont en général de Natures Tièdes à Chaudes et de Saveurs Douce à Piquante.

Ils seront fort opportunément en usage dans les cas de Stagnations localisées sous le diaphragme, ou d’insuffisances des réflexes liés à l’homéostasie corporelle. De la même façon un Vide de Yang qui génère une situation d’inhibition excessive sera amendé par les effets de ce dynamisme montant. Citons le riz gluant, les pistaches, le ginseng, les baies de goji, le miel, les patates douces, le poulet, les épices, les litchis …

Le Dynamisme Extériorisant est lui aussi affilié au Yang. Il résulte de la consommations d’aliments qui provoquent une poussée centrifuge du Qi vers l’Extérieur et la Surface du corps – laquelle comprend la peau et les tissus sous-jacents. Ce Dynamisme facilite la transpiration aidant en cela le corps à se débarrasser des toxines, il chasse le Qi Pervers, et peut se révéler bénéfique pour compenser un manque de tonus ou de vitalité chez certains sujets. Les aliments qui induisent ce mouvement sont en général de Natures Tièdes à Chaudes et de Saveurs Douce à Piquante. Sur le plan saisonnier leur consommation est plutôt indiquée en période estivale. Citons le gingembre, la cannelle, les poivres et piments, l’ail, l’agneau, l’alcool, les boissons chaudes et sucrées, le café …

Le Dynamisme Descendant est associé au Yin et induit un mouvement de descente vers les parties basses du corps et les membres inférieurs.

Cette propriété favorise évidement la diurèse, et la digestion, elle a une action purgative.

Ce dynamisme est en usage pour lutter contre les Montées intempestives du Qi, soulager le Vent Interne, atténuer l’agitation mentale, les maux de tête ou l’insomnie. Par ailleurs son utilisation est ponctuellement intéressante pour soulager les situations de Qi à contre-sens, ou les blocages des flux descendants. Les Aliments qui présentent ces propriétés sont en règle générale de Nature Fraîche à Froide et de Saveur Amère voir Salée. Citons la rhubarbe, le soja vert, l’orge, les pruneaux, les endives, les aubergines, les pousses de bambou, certains poissons …

Le Dynamisme Intériorisant – dernier des quatre – est affilié au Yin et induit un mouvement centripète de l’Energie vers l’Intérieur et les régions profondes du corps, le système osseux, les Moelles.

Cette faculté de garantir le ressourcement et la thésaurisation est extrêmement pertinente dans les cas d’affaiblissement dus à la maladie ou simplement à l’âge du sujet.

Bien évidemment la consommation de tels aliments sera optimum à la saison de l’hiver ! 

Les ingrédients qui induisent ce type de dynamisme sont en générale de Nature Fraîche à Froide, rarement Tièdes et de Saveur Amère ou Salée. Citons les choux, les navets, les endives, les châtaignes, le céleri, la pomme de terre, les fruits secs dont les noix tout particulièrement …

LES REPAS

Le repas – lui même – se doit d’être empreint d’un certain cérémonial et obéir à quelques principes simples et de bon sens. Ce n’est pas un moment anodin dans votre journée.

  • Manger lorsque le repas précédent est digéré pour laisser aux Organes un temps de repos salutaire
  • A des heures régulières pour ne pas consommer inutilement de l’Energie
  • Manger avec modération et sans être totalement rassasié
  • Prendre un véritable petit déjeuner le matin, un véritable repas à midi et manger tôt, un repas très léger le soir
  • Manger lentement en mastiquant avec application et avec plaisir, dans le calme et en étant concentré 
  • Manger chaud et limiter les aliments crus, froids et surgelés 
  • Boire des liquides à température ambiante, boire une boisson chaude après le repas afin de favoriser la digestion
  • Manger le moins possible si l’on est fatigué
  • Pratiquer un massage de l’Estomac et une marche après le repas

LA RATE

Dans la Tradition, la Rate et l’Estomac ont une place très importante et sont considérés comme les piliers centraux du Qi du corps. 

Le Centre en un seul mot ! 

Ils reçoivent la nourriture et en extraient l’Essence afin de produire le Qi et le Sang. Si la Rate et l’Estomac sont en bon équilibre la production du Qi et du Sang l’est aussi et grâce à cela l’ensemble des Organes Internes est bien approvisionné et nourrit en Qi et en Sang. 

En cas de déséquilibre de cette fonction la digestion est laborieuse, avec pour conséquences des ballonnements, de la fatigue après le repas, des selles molles ou irrégulières, des diarrhées, des douleurs dans les hypocondres, des lourdeurs, des éructations, un affaiblissement de tous les Organes et une baisse générale de vitalité de tout l’organisme. 

Ce qui n’est pas rien vous en conviendrez aisément … ! 

Des aliments de Saveur Douce – et de Nature Froide à Chaude en fonction de la saison  en cours – seront donc utilisés tout au long de l’année pour Tonifier la Rate. Ce qui est une nécessité car il lui sera demandé un travail d’assimilation du bol alimentaire sans faille.

En effet la Rate joue un rôle central dans le processus de gestion de la nourriture. 

C’est elle qui fournit en partie le Feu chargé de Transformer les aliments. On parle dans ce cas de Feu Digestif. C’est aussi la Rate qui prélève les Essences subtiles de la « soupe » alimentaire élaborée par l’Estomac afin de les Faire Monter vers le Poumon et le Cœur qui vont respectivement élaborer le Qi défensif – Wei Qi – et une partie du Sang. 

La fonction de cet Organe est absolument majeure et son rôle dans la production du Sang en fait d’ailleurs un Organe Maître de tous les protocoles de soins gynécologiques.

TONIFIER LE CENTRE

Les céréales – toujours correctement cuites – constituent la base de l’alimentation de tous les peuples du monde et doivent figurer à chacun de nos repas. A la fois nutritives et digestes, de Saveur généralement Douce, elles Tonifient et Renforcent la Rate. 

Notons que crues les céréales sont tout simplement immangeables car elles demandent une dépense de Qi extrêmement importante pour être assimilées correctement ! De même les porridges à base de céréales crues de fruits frais et d’un laitage sont encore plus indigestes. L’association des fruits et des céréales n’étant pas toujours très heureuse. 

POUR SE RESUMER IL FAUDRAIT ….  

Eviter tout excès alimentaire qui nuit à la santé. Un estomac plein – trop plein par exemple – demande beaucoup d’énergie à la Rate. Il faudrait donc toujours sortir de table sans se sentir complètement rassasié. 

Mastiquer, car la mastication est primordiale, elle permet une imprégnation par la salive et une digestion de meilleure qualité.

Suivre la circulation des énergies et manger comme un Roi le matin (Rate, Estomac), manger comme un Prince à midi (Cœur, Intestin Grêle) et comme un Pauvre le soir (Reins). Eviter les grignotages empêche la Stagnation des aliments qui épuise la Rate et entraine des Mucosités. La régularité des repas avec une pause de 5 ou 6 heures entre eux favorise le bon fonctionnement de notre organisme. Le petit déjeuner est souvent un problème en France car c’est littéralement une suite de desserts, alors qu’en Chine il est courant de manger des protéines animales ou végétales, des céréales, des légumineuses et des légumes dès le matin !

Consommer des légumes cuits, frais et variés à chaque repas pour soutenir le fonctionnement de la Rate et pour soutenir le Feu Digestif. Les légumes régularisent la glycémie, sont anti-oxydants et favorisent le transit intestinal.

Consommer des céréales et des légumineuses qui nous apportent l’essentiel de notre énergie et constituent l’apport de la Saveur Douce idéale. Il faut éviter de prendre des céréales industrielles ou trop raffinées qui sont pauvres en nutriments et ne pas hésiter à les varier (avoine, sarrasin, blé, blé complet, riz, millet, maïs, quinoa, orge…) et à bien les cuire pour qu’elles soient bien assimilées.

Supprimer la charcuterie souvent trop salée, qui apporte de la Chaleur et de l’Humidité et ne consommer de façon modérée de la viande, du poisson et des œufs que si vous avez une journée particulièrement harassante devant vous.

Eviter à tout prix les sucres rapides, sucres blancs, pâtisseries, bonbons, sodas, barres chocolatées, qui ont une Saveur sucrée Toxique et qui sont souvent dévitalisés bloquant ainsi les fonctions de la Rate. Contrairement à nos habitudes occidentales, il faut arrêter de finir un repas avec un dessert qui est inutile, fait grossir et gêne la digestion.

Diminuer les boissons alcoolisées, les boissons acides et sucrées comme les jus de fruit ou les sodas car ces produits cumulent les effets des excès de la Saveur sucrée et de la Saveur Acide, lesquelles se transforment en Chaleur-Humidité.

L’excès d’aliments Acides comme la tomate, les cornichons, les agrumes, la vinaigrette fait Stagner le Qi du Foie et lèse la Rate.

Manger chaud et cuit plutôt que froid et cru pour préserver le Feu Digestif, mieux digérer et éviter l’excès de friture et d’huile végétale raffinée.

Réduire massivement les produits laitiers d’origine animale qui sont indigestes pour les adultes – surtout pour ceux qui ont une forte porosité intestinale – cela entraîne de nombreuses maladies. Un produit laitier tous les trois jours suffit amplement et il faut privilégier les fromages, yaourts ou lait de chèvre ou de brebis.

Boire chaud en fin de repas sans excès et éviter de boire pendant le repas pour ne pas « noyer » le Feu Digestif. 

Et boire à sa soif sans plus car un excès de liquide fatigue le corps et affaiblit les fonctions des Reins.

Il faut enfin tenir compte des périodes dans la vie de l’homme pour adapter son alimentation. Pour les enfants, il faut privilégier l’allaitement maternel jusqu’à 6-9 mois car le système digestif n’est pas encore totalement formé et éviter l’alimentation solide. Le Feu Digestif est préservé et l’enfant sera moins malade. A partir de 35 ans, il faut faire attention aux quantités excessives et surveiller son alimentation pour préserver sa santé. Enfin l’affaiblissement progressif du Yang de la Rate et des Reins des personnes âgées, les incitent à reprendre une alimentation saine et digeste comme celle des enfants.

CONCLUSION

Pour la Tradition, l’être humain n’est donc pas dans la nature mais bien de la nature. Il n’a pas de place particulière dans le monde, n’en n’est ni le centre, ni le sommet, ni l’aboutissement ; l’Homme ne règne pas sur la nature.

L’être humain n’est pas non plus une créature, aucun Dieu ne l’a créé et aucun Dieu n’a créé le monde …

L’humain est en réalité le seul des « dix mille êtres » qui ne se nourrit pas d’aliments, mais uniquement de cuisine !

C’est pourquoi l’acte de manger contextualise et enracine profondément l’humain au cœur de son environnement de vie, ou pour le dire autrement, l’homme se réalise principalement par son contexte alimentaire au même titre qu’il se réalise par la qualité de l’air qu’il respire.

L’acte de vie n’est alors pas l’acte alimentaire mais bien l’acte culinaire.

Les aliments cuisinés construisent l’homme au fil du temps, élaborent son identité et son unicité dynamique au travers de ses mutations permanentes, des changements qui l’affectent, des séquelles de santé ou de maladies ; et qui sont comme autant de points d’inflexion de sa vie.

Et c’est évidemment l’environnement et donc ses contraintes qui sont constitutifs de cette dynamique du lieu laquelle se réalise alors dans l’acte culinaire et par la nutrition …

Le fait que chaque environnement génère sa cuisine n’est pas à considérer simplement comme l’expression d’une cuisine du « terroir » voire même « traditionnelle », mais comme la conséquence d’une harmonie alimentaire se construisant par les contraintes du milieu de vie et celles de l’adaptation permanente de l’homme à ces contraintes, lesquelles, sont alors autant de dynamismes vertueux.

Manger cuisiné est en réalité la meilleure définition de l’être humain aux yeux de la Tradition chinoise.

L’aliment est loin d’être premier dans la confection d’un plat.

Bonne dégustation

L Mouton / Fondateur – Gérant
© Fleur d’Océan 2.0 Février 2021

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