LES CINQ ELEMENTS DE LA TRADITION CHINOISE (3)

Posté le 17 Juin 2019
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Je voudrais conclure cette série d’articles sur les Cinq Eléments de la Tradition chinoise par quelques pistes de réflexions.

Un certain nombre de données anthropologiques et archéologiques nous amènent à considérer comme tout à fait probant l’hypothèse que nos Ancêtres les chasseurs-cueilleurs archaïques étaient Animistes. Ils pensaient qu’il n’y avait par nature, aucun fossé, ni aucune différence, entre les hommes et les autres animaux ; entre la végétation, les montagnes, les rivières.

ENTRE TRADITION ET MODERNITE

Le monde appartenait alors à tous ses habitants et un tissu complexe de relations unissait entre eux les hommes, les animaux, les arbres, les pierres … De ce tissu naissait alors valeurs et normes qui liaient les être humains, la faune et la flore en un ensemble harmonieux. 

Mais cette vision animiste du monde s’oppose à la proposition qui nous est faite par la Révolution Agricole et les religions Modernes de la singularité absolue et quasi divine de l’être humain. 

« La Bible avec sa croyance en la singularité humaine, a été l’un des sous-produits de la Révolution Agricole qui a initié une nouvelle phase dans les relations entre humain et animal. [….] La révolution agricole a été économique et religieuse » – Y N Harari – Homo Deus

En plaçant de la sorte l’Homme au sommet de la pyramide du vivant, le Religieux lui confère un pouvoir sans limite ni condition : une main-mise totale sur tout ce qui l’entoure …… De chasseur-cueilleur l’homme devient alors éleveur et agriculteur.

Désormais la Nature lui appartient.

Il y a là un traumatisme originel – une perte irrémédiable – qui est celle de la conscience que nous avions d’appartenir à un phénomène Cosmique essentiel et plus global, donnant une place, de la cohérence et du sens à nos vies et à nos existences. Cette perte du sens à été comblée par le rapport privilégié que nous semblions pouvoir dès lors entretenir avec les Dieux.

Mais si l’homme ne communique plus avec la Nature, c’est parce qu’il communique avec les Dieux eux mêmes, réduisant de la sorte  le dialogue animiste au silence. 

Ce n’est plus la Nature qui est alors la source suprême du savoir et du sens, ce sont les Dieux. Et par extension les Textes Sacrés.

Au Moyen Age par exemple, les chercheurs remirent au goût du jour une théorie grecque Classique selon laquelle les différents mouvements des planètes et des astres du système solaire engendrent une musique céleste qui imprègne l’univers tout entier. Les humains jouissent de la bonne santé physique et mentale si les mouvements de leurs corps et de leurs âmes sont en harmonie avec cette musique céleste – et donc divine – jouée par les astres. 

Par voie de conséquence la musique humaine devait elle aussi faire écho à la musique divine de l’univers. Elle était donc forcément insufflée aux compositeurs par les Dieux eux même …

L’art était donc inspiré par des sentiments supra-humains et non par le génie, les caprices ou les volontés d’un quelconque compositeur humain – le Beau était d’ordre divin, forcément.

Notons ici que s’il est question de musique il est forcément question de rythme. Nous y reviendrons.

Mais les Dieux non plus n’ont pas résisté aux Modernes, à la recherche et à l’avènement de la science ; l’Humanisme les a alors remplacé. 

La Révolution Humaniste a comblée ce second traumatisme qui consiste en la perte, dans les Temps Modernes, de la croyance en un grand dessein cosmique – oeuvre de la Nature ou des Dieux – où l’homme aurait un rôle à jouer.

Pour autant cette vision ancienne donnait du sens à la vie en restreignant les responsabilités et le pouvoir des humains car tout n’était pas possible. On faisait alors les choses au nom d’une raison transcendante, bien supérieure à soi.

Cet antidote à la perte des Dieux qu’est en réalité l’Humanisme Moderne, consiste en un véritable renversement de la situation et des rôles. Il attend que l’humain puise en lui même afin de donner du Sens au cosmos.  

La véritable Révolution accomplie par la Modernité a en effet été la foi placée en l’être humain : il devient lui même la mesure de tout. C’est à lui d’inspirer, d’insuffler du sens au monde. 

« Je n’ai qu’à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être bien est bien, tout ce que je sens être mal est mal » – J J Rousseau – L’Emile, ou de l’éducation. 

Il n’y a soudain plus ni Nature ni Dieux.

«  La source du Sens et de l’Autorité ayant été déplacée du ciel vers la sensibilité humaine [ la Terre ? …] la nature même du cosmos a changée.  L’univers extérieur […] est devenu un espace vide. Le monde intérieur […] est devenu d’une profondeur et d’une richesse démesurée. […] Le ciel et l’enfer ont cessé d’être des lieux réels quelque part au dessus des nuages et en dessous des volcans pour être désormais conçus comme des états mentaux intérieurs » – Y N Harari – Homo Deus

L’Identité comble désormais le vide laissé par la disparition du Mystique. Nous avons perdu le sens de nos vies et donc le pouvoir de les vivre ; nous nous sommes confinés, enfermés en nous. 

LE CORPS ET LES RYTHMES

Or pour la Tradition chinoise les choses se passent un tant soit peu différemment. La vie repose entre autre sur la théorie des Cinq Eléments et notamment sur celle du Yin – du Yang et de leur leur inter-dépendance. 

Ces derniers ne peuvent s’envisager que dans le rapport dynamique qu’ils entretiennent l’un à l’autre. Il y a là une question d’altérité, et de dualité, une sorte de complémentarité essentielle et primordiale qui nous montre que la vie ne se manifeste que dans les inter-actions qu’entretiennent les être vivants entre eux.  

Le dynamisme, le mouvement, qui sont l’essence même des Cinq Eléments considérés par la Tradition, sont aussi à l’origine de la succession des saisons et de leur retour ; toujours les mêmes, immuablement, mais jamais semblables.

Or l’organisme humain est le reflet des Souffles cosmiques. En d’autres termes le fonctionnement de la Nature est à l’image de notre propre fonctionnement, celui de notre corps et celui de notre esprit. 

Les saisons sont donc la meilleure représentation possible des différents Souffles qui caractérisent nos propres Mouvements énergétiques corporels, ainsi que leurs différentes Manifestations, sur le plan physiologique et sur le plan émotionnel. 

Le Mouvement des Energies saisonnières est par analogie semblable aux Mouvements énergétiques de notre physiologie. Elles sont l’illustration parfaite de cette globalité dont nous faisons partie.

La Tradition chinoise semble donc être une réponse particulièrement moderne et cohérente à cette perte du sens qui est caractéristique de la fin de notre rapport à la Nature et aux Dieux.

La Tradition chinoise est un possible – rythmique qui nous offre de pouvoir respirer en accord avec les Souffles du Ciel et de la Terre.

DIAGNOSTIQUE ET PRESCRIPTIONS

Dans nos métiers du Toucher notre dialogue privilégié avec le corps nous place – de fait – en position idéale pour initier et donner une vision, donner de la cohérence par le Toucher. Pour retrouver notre rythme et redonner du sens à l’humain grâce à une pratique technique respectueuse, hautement qualifiée, innovante et inspirée. Globale

Dans les Parcours et Expériences de Soins, la connaissance et la maîtrise – par les professionnelles du toucher – des rythmes saisonniers, essentiels à la vie, est aujourd’hui une nécessité évidente, urgente et absolue. 

La mise en oeuvre de cette approche singulière des soins en termes de diagnostique et de prescription est très fortement porteuse de sens et de justesse technique. Notre pratique du toucher et des soins ne peut en effet pas ignorer l’importance de ces rythmes biologiques qui sont les bases de notre équilibre.

Au contraire elle doit s’en faire la résonance.

LE TOUCHER

Et cela en passera forcément par l’expérience – pour le receveur – de la découverte et de la ré-appropriation grâce au massage de ses propres rythmes corporels.

Cette rencontre entre la professionnelle du toucher et le receveur du soin va permettre de définir naturellement et mutuellement de nouveaux rapports au Monde et à soi, traçant ainsi les contours encore flous de ceux que nous sommes en train de devenir. 

Le massage est une expérience en soi et une rencontre avec soi. Le toucher est un vecteur puissant !

Une telle approche des soins du corps et du visage permet, un travail profond, raisonné, et en complète synergie rythmique avec la Nature, mais aussi une intervention énergétique et cosmétique globale et humaniste qui porte à la fois sur la branche et sur la racine. Sur l’origine d’un déséquilibre et sur ses conséquences du point de vue cosmétique, physiologique, émotionnel. 

C’est une démarche d’immersion globale.

L’appropriation et la déclinaison de ce savoir instillent du sens, de la pertinence et de la profondeur à nos  soins et à nos techniques d’interventions. Le toucher ne peut et ne doit jamais être anodin ! Il est un centre de gravité, celui du sens. Donner du sens par le toucher c’est alors remettre le corps au diapason du Rythme cosmique de la Nature. 

Car c’est en effet en passant par le corps que nous ré-inventerons d’autres mythologies, re-découvrirons et ferons découvrir un ordre Naturel qui semblera nouveau tant il a été oublié. 

Nos massages proposent une approche et une dimension qui englobe, dépasse et transcende la simple humanité individuelle.

« Un être humain provient du Qi de la Terre et du Qi du Ciel … l’union du Qi Ciel et du Qi de la Terre s’appelle l’être humain » –

Classique de Médecine de l’Empereur Jaune – Les Question Simples

Nous ne sommes qu’une infime partie du tout …. une évidence qu’il est bon de ne jamais oublier. Alors ne nous éloignons pas du Ciel … ! 

L Mouton / Fondateur – Gérant
© Fleur d’Océan 2.0 Janvier 2017

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